Photos : Michel BENVENUTO
Alex BENVENUTO, clarinette basse
Henri ROGER, piano
Laurent LAPCHIN, guitare
Jean-Marc LAUGIER, contrebasse
Cédric FIORETTI, batterie
Thomas GUILLEMAUD, sax soprano
Michel SEYRAT, textes
Jean-Luc MAURY, visuel
Ce
projet musical est né de la volonté de Marie-Thérèse
Pulvénis, conservatrice du Musée Matisse, et de ses équipes,
puis d'un an d'échanges avec la Compagnie So What pour faire vivre par
une musique de Jazz et quelques textes "un parcours sans fin", méthodiquement,
salle après salle. Travail sur une musique de Jazz du XXI° siècle
et les travaux de Matisse et Rodin sur le vide et le plein, l'équilibre
et le déséquilibre.
Si Rodin représente la fin d'une époque classique, un aboutissement,
l'expression par la forme, Matisse est le début d'une modernité
dans le trait. La traduction de l'intériorité. Chaque homme doit
ressembler à son ancêtre et à son descendant.
Matisse a une certaine idée de l'espace. L'important est ce qui est "autour"
de la sculpture. La résonance en musique va se retrouver dans les notions
de silence et d'écoute.
Le
projet musical suit l'accrochage salle par salle, par exemple :
Matisse et Rodin se sont inspirés de l'harmonie classique (salle 1) pour
une recherche entre l'esprit et la forme. "Plus on s'éloigne des
maîtres et plus on les comprend".
Ainsi, le premier morceau utilise un tempo classique et lancinant comme source
de modernité. Ou encore, salle 8, les fragments : le pied. Ici également,
les musiciens focalisent leurs improvisations sur une partie du thème
(du corps pour Rodin), sur une seule harmonie, tordue et reconstruite indéfiniment.
Rodin pratique l'assemblage et le marcottage de différentes parties du
corps.
Pour Matisse, une sculpture est un volume global que l'on peut modifier.
Les compositions musicales vont mêler pareillement volume collectif des
improvisateurs, et assemblages des différents solos pour construire l'unité
d'un morceau.
A partir de thèmes écrits, très courts ou longuement étirés,
de rythmes complexes à cinq temps ou simples et répétitifs
comme une musique africaine, les improvisateurs travaillent sur des blocs d'accords
et chacun se lance dans des envolées personnelles.
La volonté n'est pas de transposer ou d'illustrer Matisse et Rodin en
musique de Jazz, mais de continuer à les faire vivre dans une musique
du XXI° siècle, écrite et improvisée, loin des mausolées.
Les sculpteurs recherchent dans leur uvre le Tempo, le Mouvement, la Cadence.
Ces mêmes notions sont chères aux musiciens.
Tempo : mouvement, allure, dans le quel s'exécute une oeuvre musicale.
Mouvement : degré de rapidité donné à la mesure,
il est défini par la durée de la note.
Cadence : Rythme de l'accentuation, résolution d'un accord dissonant
vers un accord consonnant, répétition régulière
d'un mouvement.
19h, esplanade du Musée - Comme toujours, pour ce genre de création, les musiciens et les diseurs sont anxieux. Le public viendra-t-il ? Fera-t-il écho à la musique et aux textes ? Serons-nous à la hauteur de l'enjeu ? Mais petit à petit, l'esplanade se remplit, les spectateurs s'entassent sur les marches, les nuages un moment menaçants s'éloignent. Et le concert commence. Quelques sons de cymbales tibétaines, premières percussions, premières notes de guitare et de sax, premiers soufles de la clarinette. La contrebasse attaque sa phrase répétée; et voila les premiers sons de la batterie... C'est parti ! Et foi de musiciens (qui a dit "foies" de musiciens ?), comme dirait Jean-Marc, pour une belle éclatade, ce fut une belle éclatade. Merci à tous, organisateurs, publics, de nous avoir offert, en tant que musiciens et diseurs, ce pur moment de bonheur.