Et voici la rubrique la plus déjantée du So What :

Les brèves du comptoir

 

 

 

Qu'est-ce qu'un "aphorisme" ? Cher à Desproges ou à Jean-Victor Hocquard, il s'agit, selon Wikipedia, d'une sentence énoncée en peu de mots — et par extension une phrase — qui résume un principe ou cherche à caractériser un mot, une situation sous un aspect singulier. Les "brèves de comptoir", rendues célèbres par Jean-Marie Gourio, sont issues de la procréation bizarre entre aphorismes, banalités, provocations et surréalismes. Bref, tout l'esprit du So What ! D'où cette rubrique qui est ouverte à votre créativité : il vous suffit de cliquer ICI pour nous envoyer un mail avec vos suggestions. Les meilleures, selon nos propres critères, totalement subjectifs et tendancieux, seront reprises dans cette rubrique. Pour vous mettre dans le bain, voici une première rafale, signée Alex et Laurent. Maintenant, à vous de jouer !

 

 

Quelques brèves, signées Alex (en hommage à Desproges) :

Conseil aux débutants : le jazz, c'est comme l'amour. Il faut y aller par petits coups au début pour bien en jouir plus tard (et en plus ça m'arrange).

On ressent assez vite à l'écoute de certains musiciens jouant " Autumn leaves " un léger ennui qu'on ne retrouve pas à la lecture de Fluide Glacial.

Une bonne improvisation de Jazz c'est comme le tramway à Nice : quand on en rate un, il suffit de prendre le suivant.

Je revendique la rupture. Se fâcher avec quelques personnes dans la vie, ce n'est pas gênant. Il y a des gens avec qui je me suis fâché. Je serais humilié de ne pas être fâché avec eux.

Un bon jazzman est un jazzman mort.

Le voisin au So What est un animal nuisible assez proche de l'homme. Très proche. Trop proche.

Une récente statistique nous apprend que quatre-vingt-dix-neuf pour cent des musiciens de Jazz ignorent totalement ce qu'est un zeugma ! Cela ne les empêche pas d'avoir leur recueil de standards sous le bras pour aller boeufer sur " Autumn leaves ".
Le Zeugma est un procédé tordu qui consiste à rattacher deux noms à un verbe qui logiquement ne se rapporte qu'à un seul ! par exemple : " Après avoir sauté sa copine et le repas de midi, Cédric reprit enfin ses esprits et son solo de tambour ".

Ce n'est pas parce que je suis paranoïaque que ceux que j'entends parler dans la salle quand je fais un solo ne sont pas tous contre moi.

Critiquez les musiciens morts, ils ne peuvent pas se défendre.

Si ce sont les meilleurs musiciens qui partent les premiers (aurait pu écrire Boris Vian), que penser des éjaculateurs précoces.

Un musicien d'âge mûr, c'est celui qui va arriver dans l'âge pourri (pensée écrite après un récent concert de Dave Brubeck).

Le succès public est le seul réel. Le succès d'estime ne conduit qu'à bouffer des blettes sans huile d'olive.
Mais, la sagesse populaire, on connaît. C'est celle qui a élu Hitler en 33, c'est celle qui va aux matchs de foot, c'est celle qui fait grimper l'indice d'écoute.

Bien qu'il n'ait jamais joué de Jazz, le " critique de jazz " écrit pleins de substantifs abscons sur les musiciens qui jouent " Autumn leaves ".

La seule conscience de la musique de Jazz que j'ai, c'est de tenir à ne pas en avoir. Pas du tout par lâcheté. C'est parce que je n'ai jamais pu comprendre ceux qui prétendent que John Coltrane jouait mieux que Bix Beiderbecke ou que les noirs jouaient mieux que les blancs.

Si on ne parlait que de ce qu'on a vu et connu, est-ce que les curés parleraient de Dieu ? Est-ce que le pape parlerait du stérilet de nos copines ? Est-ce que Sarko parlerait des pauvres ? Est-ce que William Lemergy parlerait de Jazz ?

Bientôt l'été, les morilles commencent à pousser, les filles rient, tendres et nues sous leur jupettes. Les jours rallongent. Il n' y a pas qu'eux, disent les obsédés de la Compagnie So What.

Si les clarinettistes font moins de fausses notes en février, c'est parce qu'ils n'ont que 28 jours.

Un gentleman, c'est un mauvais musicien de Jazz qui s'abstient de jouer en public.

Au lit comme sur scène, la caractéristique du musicien de Jazz est qu'il espère faire mieux la prochaine fois.

Difficile de s'empêcher de penser que si Napoléon III avait vécu cent ans de plus après avoir annexé le Comté de Nice, il aurait connu les musiciens du So What.

Il ne faut pas boire de lait le lendemain du dernier samedi du mois, ça fait cailler le pastis de la veille.

Château Bas, mon vin préféré. Sublime, rouge comme un coucher de soleil au Cheïron. Profond comme le Mi de la contrebasse de Jean-Marc. Long en bouche comme les accords de Laurent. Percutant comme un solo de Cédric. Un vin si grand qu'on pourrait le comparer à un thème d'Henri Roger.

Difficile de comprendre qu'on achète du vin sans l'avoir goûté avant. Avez-vous déjà acheté un disque sans l'écouter ? Avez-vous déjà acheté un pantalon avant de l'essayer ? Alors, ne refusez pas à votre bouche ce que vous accordez à vos oreilles et à vos fesses.

Je veux bien jouer du Jazz jusqu’à ma mort, mais je n’irai pas plus loin !

Le Jazz... il y a ceux qui en parlent et ceux qui le pratiquent. A partir de quoi il me parait urgent de me taire (d'autres aussi d'ailleurs).

 


Quelques brèves, signées Laurent :

Un musicien qui fait une quinte diminuée, c'est qu'il a la toux discrète. S'il développe en une gamme demi-diminuée, c'est qu'entre temps il a bu une bière.

Un solo de contrebasse de Jean-Marc, c'est comme un bon whisky d'Islay : ça râpe, ça brule, ça colle au gosier ; et puis, ça laisse un goût profond, on en redemande et à la fin, on ne peut plus s'en passer.

Un bœuf, c'est comme la Star Ac : chacun espère ne pas être éliminé avant les autres. Une impro collective, c'est comme une fête de famille : chacun arrive les mains pleines et s'émerveille de ce que les autres ont apporté.

Quand on sort d'une soirée au So What, le plaisir nous fait nous redresser. Attention à la tête en montant l'escalier !

Un set trop long, c'est comme une fin de repas avec sa belle-mère, qui pourtant fait bien à manger.

Ce que les Indous ne savent pas, à propos de la métempsychose, c'est qu'entre deux vies de jazz, il y a le bar du So What, avec Sophie.

Une musique parfaite, c'est comme le bonheur : ça n'existe pas. Mais une chouette impro, qu'est-ce que c'est bon !

Je regarde le journal télévisé et je pense au programme de Cimiez.

La grille est à l'improvisateur ce que les barreaux sont à la fenêtre.

Il y a ceux qui mangent un temps de la mesure. Il y a ceux qui boivent tout le temps sans mesure. Et parfois, c'est les mêmes.

J'ai entendu le " Summer Time " d'Albert Ayler et je n'ai plus jamais aimé le printemps, ni l'automne, ni l'hiver.

" Bling bling " fait la marionnette politique. " Blang " répond le virtuose de la guitare sommaire.

Beaucoup de reprises de standards sont comme les huîtres de Noël : creuses et sans perle.

Le modal, c'est comme des vieilles pantoufles : on s'y sent bien, ça glisse et on y retrouve sa propre odeur.

Répé ordinaire au So What : " Quand on aime (le jazz), on ne compte pas (les mesures), dit Jean-Marc. Le (onze) temps ne fait rien à l'affaire, répond Henri. Le zéro (temps), c'est l'infini, hasarde Cédric. Ce n'est pas dans mes (six) cordes, assure Laurent. Vive les harmoniques, deux qui la tiennent… termine Alex ".

La nature a horreur du vide. Et moi, je n'aime pas Dave Brubeck.

Imaginez Dave Brubeck qui jouerait Autumn Leaves…

Comme dirait Henri, être fort en thèmes, ça ne s'improvise pas.

Le guitariste fit un solo court, profond, avec peu de notes. Poisson d'Avril !

Rien à faire, quand j'entends Billies Holiday, je ne peux pas m'empêcher de verser des larmes. Quand j'entends Dave Brubeck aussi. Mais ce ne sont pas les mêmes.

Quand on est vieux, on monte le volume sonore. Il y a des jeunes musiciens qui sont déjà très vieux.

Quel bonheur de ne pas avoir l'oreille absolue : on peut s'offrir quelques notes au hasard.

Cette nuit, les éclairs monstrueux d'un orage d'été illuminent la cime des grands arbres. Et puis le solo de Coltrane s'achève et le silence qui suit est encore du tonnerre.

Les murs du So What sont imprégnés par tous les grands musiciens qui y ont joué. Quand les spots des derniers samedis du mois s'éteignent et que la cave s'est vidée, ils s'amusent à boeuffer sur un thème d'Alex ou d'Henri. Et c'est très beau.

Cédric a appuyé sur la pédale de grosse caisse et il s'est échappé dans un col. Henri a utilisé la pédale de sourdine et il a suivi. Laurent a déniché une pédale de volume et il a pris leur roue. Alex et Jean-Marc ont été lâchés. S'ils avaient su, ils auraient joué l'un de la viole de gambe, l'autre de la vielle à roue.

Quand Brad Mehldau, le meilleur accompagnateur de l'histoire du jazz, joue en piano solo, c'est encore plus beau : il s'accompagne lui-même.

 


 

Et maintenant, à vous !

Quelques réflexions signées du peintre Daniel Fillod, après un "dernier samedi du mois" au So What, 29/5/2016 :

- Le Jazz,une musique de vieux sages, qui traverse toutes les tempêtes !

- Un concert de Jazz dans la grotte Chauvet...! So what ?

- Si on jouait tous d'un instrument, on n'aurait plus le temps de faire la guerre !

- Avec trois touches, la trompette dit... je t'aime !

D'après Grégoire Lacroix, 2/8/2015 :

Il y a des musiciens modestes qui tiennent absolument à ce que ça se sache

 

D'après John Osborne, 29/5/2015 :

- Demander à un musicien ce qu'il pense d'un critique, c'est comme demander à un réverbère ce qu'il pense d'un chien

 

Alex, 3/3/2015 :

- Stevie Wonder arrive derrière Ray Charles et lui met les mains sur les oreilles : "Devine qui c'est ?"

 

- De Franck Taschini, à qui l'on demandait de venir avec son sax soprano (une carotte pour les non initiés) à un concert : "d'accord, je viendrai avec la carotte pour le boeuf"... (16/4/2013)

Laurent, 14/3/2013 :

- Halte au harcèlement des accords de dominantes sur les quintes diminuées !

- L'improvisation est à la Star Acc ce que Matisse est à Castorama.

- Voici le printemps. Je vais te cueillir un bouquet de doubles croches joyeuses aux tiges déliées, de dièses colorées, de bémols au bulbe rebondi, de silences d'un vert profond et au parfum de morilles.

 

Alex, 28/2/2013 :

- Le gars qui a convaincu Ray Charles de mettre des lunettes de soleil était quand même un excellent commercial.

- Que le musicien qui n’a jamais bu me jette la première bière.

- Je déteste qu’on me fasse passer pour un mauvais musicien, j’y arrive très bien tout seul.

- A deux mains, comme dirait Cédric.

 

- Un bon musicien, c'est quelqu'un qui vous donne l'impression d'être nul quand vous jouez avec lui (elle). Un musicien exceptionnel, c'est quelqu'un qui vous donne l'impression d'être bon quand vous jouez avec lui (elle). (Laurent, 9/4/2011)

Une rafale, signée José Sérafino (19/3/2011)

- Certains musiciens jouent des notes, d'autres de la musique.

- Pour être guitariste, il suffit de se procurer une guitare, mais pour être musicien...

- Quand, dans une improvisation, il ne me vient AUCUNE idée, je me contente de jouer vite (piqué à Jeff Beck).

- Le plus dur avec le "conservatoire de musique", ce n'est pas d'y entrer, mais d'en sortir !

- Certaines personnes qui vont au concert voudraient entendre exactement "les mêmes notes que sur le disque". Mais alors, à quoi bon aller au concert ?

- Ce soir, vendredi 18 mars 2011, je peux dire que "j'ai le blues."... L'humanité toute entière surveille "la" centrale nucléaire du Japon : il semble que du temps de la Guerre Froide, on l'ait échappée belle !

- Céline Dion ne dis pas que des conneries, elle les chante aussi.

- Il n'est point de sot métier, certes... mais des boulots de merde, ça, y-en a !

- John Coltrane, Jimi Hendrix, John Lennon, Charlie Parker... ce sont les meilleurs qui s'en vont, d'ailleurs, je ne me sens pas très bien moi-même...

 

- La véritable modestie du musicien de jazz consiste à ne jamais se prendre pour moins que ce qu'on estime qu'on croit qu'on vaut (Thomas Guillemaud, d'après Pierre Dac, 27/1/2011)

- En hommage au NJO (Alex, 17/1/2011) :
"Non non, non non, non le Jazz n'est pas mort
Non non, non non, non le Jazz n'est pas mort
Il Big Band encore', il Big Band encore'"

Deux brèves signées Guy (17/12/2010) :

- Quand la belle chanteuse, moulée dans sa robe, face au public, marque une pause pour faire place au solo de piano, Jean-Marc ,Alex, Laurent et Cédric, attirés par un angle de vue postérieur très particulier, se laissent aller à penser... Pour eux , c'est à l'arrêt qu'on pense !
Et pendant qu'il effleure les touches avec grâce et maestria Henri Roger songe à la récompense de ce soir : c'est lui qui raccompagnera la belle créature; Il avisera au moment opportun ,mais... Il a bien l'intention de laisser l'effet se faire !

- Il y a au moins trois choses inutiles sur terre : les seins d'une nonne, les orchis du Pape et essayer de détourner le regard des jeunes filles du fameux batteur du so what. Mais ne le répétez surtout pas, on ne sait jamais, il pourrait se trouver des jaloux dans la salle...

 

Une rafale signée Laurent (17/12/2010) :

- Je joue toujours en Si : c'est du haut de gamme

- Le jazz, c'est comme la démarche d'Excellence de la recherche scientifique : les chercheurs montent des lab-Ex, des équip-Ex... Les musiciens vont désormais faire des sol-Ex (avec la complicité de Laurent Counillon)

- Le musicien de jazz est un funambule qui progresse en équilibre précaire, loin au-dessus du vide et de la peur

- Si un morceau de jazz ne se termine jamais sur un solo, c'est parce que cette musique est d'abord une manière d'être ensemble

- Le silence après un opéra de Mozart, c'est encore du Mozart dit-on. Dites-donc, on a de la chance que ça n'ait pas été pareil pour Dave Brubeck !

- Le jazz est né de la souffrance des esclaves noirs. Certains musiciens blancs se vengent en mettant les auditeurs à la torture

- Albert Ayler a été assassiné. Chet Beker est tombé par la fenêtre. Eric Dolphy ou Cliford Brown ont été des étoiles filantes. Dave Brubeck va bien, merci

- Le So What est le contraire d'une secte : ceux qui y entrent reçoivent plus qu'ils ne donnent

- Une clarinette, c'est un saxo pour superstitieux : ça permet de toucher du bois quand on attaque un solo

- Si les guitares n'avaient qu'une corde, les guitaristes seraient moins arrogants

- La trompette, c'est du vent. La seule fois où j'ai pu voir Don Cherry sur scène, il avait oublié son embouchure et il a joué du triangle

- La contrebasse, c'est comme un sous-marin : c'est profond mais ça fait peur !

- Le jazz rend sourd. La preuve : ce sont toujours les solos de batterie qui sont les plus applaudis

- Si la cigarette tue, la musique adoucit les mœurs, et la pipe décontracte... (Alex - 4/12/2010)

- Improviser, ça ne s'improvise pas ! (Laurent Counillon, 21/11/2010)

- Comment appelle-t-on un musicien qui boit trop ? Un Fa bémol. Car le Fa bémol vaut Mi ! (Alex - 7/10/2010)

- Il est plus facile de paraître digne, des emplois qu’on n’a pas que de ceux que l’on exerce... (Claude - 6/6/2010)